Salem
L'histoire
Nous sommes à Salem, petit village hors du temps et des époques.
Une nuit, Emma, l’ institutrice, et Marthe, la fille du maire, se retrouvent dans la forêt. Elles sont rapidement rejointes par Jeanne, la fille de ferme. Comme chaque semaine, en cachette du reste du village, ces trois femmes de Salem, frustrées par le patriarcat et la malveillance du petit village perdu, se rassemblent à l’abri des regards pour s’amuser. Mais ce soir-là, rien ne va se passer comme prévu. Emma, passionnée par les plantes et leurs pouvoirs médicinaux, décide d’initier une cérémonie lue dans un livre. C’est alors qu’intervient Alia, une gitane récemment arrivée dans le village, qui les espionne. Celle ci sera acceptée dans le groupe en échange de son silence. Tout bascule lorsque le père de Marthe, le maire de Salem, surprend les quatre femmes dans la forêt. Marthe, terrifiée, tombe dans une sorte de transe compulsive. Elles sont contraintes de fuir avec elle.
Alors que le village entier se réveille d’un seul bloc et que la rumeur commence à gronder, les quatre femmes s’enferment dans la chambre de Marthe. Pendant plusieurs semaines, elles passeront d’espace clos en espace clos, cernées par les villageois. Pour sauver leur réputation et leur peau, ces quatre femmes deviendront tour à tour des bourreaux et des victimes.
Faut-il accuser les autres ? Se faire passer pour folles ? Simuler la possession ? Alors que l’étau se resserre autour du groupe de femmes et que le mensonge grandit, la perception de la réalité des cinq accusées va vaciller au cours de cinq actes qui se déclineront comme une fuite en avant et une descente aux enfers...
Ce projet est soutenu par le Théâtre de la Belle Etoile qui accueillera le spectacle en résidence en 2024 et par le Théâtre de Belleville où il sera rejouée en mai 2024.
Une nuit, Emma, l’ institutrice, et Marthe, la fille du maire, se retrouvent dans la forêt. Elles sont rapidement rejointes par Jeanne, la fille de ferme. Comme chaque semaine, en cachette du reste du village, ces trois femmes de Salem, frustrées par le patriarcat et la malveillance du petit village perdu, se rassemblent à l’abri des regards pour s’amuser. Mais ce soir-là, rien ne va se passer comme prévu. Emma, passionnée par les plantes et leurs pouvoirs médicinaux, décide d’initier une cérémonie lue dans un livre. C’est alors qu’intervient Alia, une gitane récemment arrivée dans le village, qui les espionne. Celle ci sera acceptée dans le groupe en échange de son silence. Tout bascule lorsque le père de Marthe, le maire de Salem, surprend les quatre femmes dans la forêt. Marthe, terrifiée, tombe dans une sorte de transe compulsive. Elles sont contraintes de fuir avec elle.
Alors que le village entier se réveille d’un seul bloc et que la rumeur commence à gronder, les quatre femmes s’enferment dans la chambre de Marthe. Pendant plusieurs semaines, elles passeront d’espace clos en espace clos, cernées par les villageois. Pour sauver leur réputation et leur peau, ces quatre femmes deviendront tour à tour des bourreaux et des victimes.
Faut-il accuser les autres ? Se faire passer pour folles ? Simuler la possession ? Alors que l’étau se resserre autour du groupe de femmes et que le mensonge grandit, la perception de la réalité des cinq accusées va vaciller au cours de cinq actes qui se déclineront comme une fuite en avant et une descente aux enfers...
Ce projet est soutenu par le Théâtre de la Belle Etoile qui accueillera le spectacle en résidence en 2024 et par le Théâtre de Belleville où il sera rejouée en mai 2024.
Note d'intention
LA GENESE D'UN PROJET
Que s’est-il vraiment passé à Salem en 1692 ? Cette question, qui m’a toujours fasciné, est à la source de ce projet d’écriture collective initié au sein de la Compagnie le Tambour des Limbes pour cette nouvelle création.
Le fait divers des procès de Salem et de sa « chasse aux sorcières » a toujours été pour moi une matière propice à la mise en chantier d’un spectacle. A l’instar de bien d’autres faits divers troublants des siècles passés sur lesquels nous manquons d’éléments matériels et de témoignages, l’histoire du village de Salem, dont les détails restent mystérieux, laisse place aux suppositions les plus hasardeuses.
L’épidémie de danse à Strasbourg en 1518, l’hystérie collective des religieuses de Loudun en 1630, le massacre collectif perpétré par les habitants d’Hautefaye en 1870... Autant de chroniques de l’Histoire cachée du monde qui flirtent avec le fantastique et dont le trouble et les questionnements qu’elles soulèvent restent entiers.
En 1953, Arthur Miller se servira déjà du fait divers de Salem comme d’une parabole pour écrire son chef-d’œuvre Les Sorcières de Salem et en fera le symbole d’une critique acerbe de l’Amérique dun sénateur MacCarthy et de sa terrifiante « chasse aux communistes ».
Face à une pièce de cette ampleur, l’ambition initiale de la Compagnie le Tambour des Limbes était d’abord de créer une nouvelle mise en scène plus modeste en la réadaptant avec moins de personnages pour convenir aux impératifs économiques d’aujourd’hui. Mais rapidement, nous nous sommes rendus compte que nous voulions aborder le fait divers d’une autre manière en instaurant une dramaturgie différente de celle de Miller. C’est alors qu’est née l’idée d’une création librement inspirée des procès de Salem et de leur contexte.
Dans Les Sorcières de Salem, Miller adopte en priorité le point de vue des villageois accusés à tort par les prétendues sorcières. En choisissant notamment de suivre le parcours de John Proctor, protagoniste masculin de la pièce, le texte de Miller relègue au second plan le groupe des femmes accusatrices. Seule Abigail Williams semble être la représentante de ces femmes transformées soudain en incriminatrices vengeresses.
Avec SALEM, notre projet était tout autre : nous voulions concentrer le spectacle sur les femmes de Salem et tenter de répondre à cette question : dans une société où l’oppression féminine est la plus forte, comment ces femmes accusées vont être contraintes, pour s’en sortir, de se transformer à leur tour en bourreaux ? Comment un mensonge proféré dans une situation de peur et de pression extrêmes, va engendrer une inexorable réaction en chaîne au sein d’une communauté ? Enfin, comment une oppression originelle peut se transformer rapidement en une
pulsion vengeresse à partir du moment où la puissance et le pouvoir changent de camp ?
Nous avions notre sujet et, après de nombreuses discussions avec les quatre comédiennes composant la distribution de nos sorcières de Salem, nous pouvions à présent nous lancer le défi de l’écriture collective.
UNE ECRITURE COLLECTIVE STRUCTUREE
En prenant le parti de se concentrer uniquement sur le point de vue de ces quatre femmes, nous avons également voulu mettre en lumière les moments cachés et secrets de cette histoire fascinante. Que s’est-il passé dans l’intimité des lieux clos où elles se sont réfugiées ? Comment ces quatre femmes ont pris la décision de diffuser ce mensonge généralisé sur l’ensemble du village pour détourner les accusations contre elles ?
Alors que la pièce de Miller s’ouvre sur une scène où le fameux sabbat déclencheur est raconté à posteriori, nous avons fait le choix d’en faire l’acte d’ouverture de notre spectacle. Un acte qui nous permet d’exposer ainsi les personnages, le village et sa situation, mais aussi le contexte dans lequel ses femmes dénigrées et dominées se prêtent, dans le secret, à cette soirée innocente qui aura pourtant des conséquences terribles.
Une fois cette décision prise, nous avons décidé de mettre en place une écriture collective très structurée qui s’est déclinée sur toute la saison 2018 / 2019 et dont voici les étapes principales.
Dans un premier temps et à partir d’une trame oralement exposée aux quatre comédiennes, nous leur avons demandé d’écrire une biographie détaillée de leurs personnages, en s’inspirant du contexte dans lequel ils allaient évoluer. Rapidement, des profils féminins, des prénoms, des personnalités se sont dessinés.
Chaque personnage fut ensuite associé à un lieu symbolique du village ce qui nous a permis d’établir une topographie des lieux principaux du récit : la forêt, le château du maire de la ville, une salle de classe, la cave d’un cabinet de médecine, la porcherie d’une ferme et enfin l’église de Salem.
A partir de ces différentes informations, nous avons établi la structure dramaturgique : l’acte I sera celui de l’élément déclencheur où les quatre femmes sont surprises par le maire de la ville pendant leur innocent sabbat. Les quatre actes suivants seront une succession de huis-clos dans les différents lieux cités précédemment et dans lesquels nos quatre personnages trouveront refuge et devront trouver des solutions pour s’en sortir. L’idée des huis-clos successifs nous permet de mettre en place une forte tension évolutive durant toute la durée du spectacle en effectuant un important travail sur le hors-champs. Puis, à partir d’une trame prédéfinie sur les enjeux dramatiques de chaque scène, nous avons demandé à chacune des comédiennes de co-écrire son acte. Nous voulions que chaque acte se décline comme si nous passions d’un point de vue à l’autre. Nos quatre personnages étant constamment au plateau, nous voulions travailler sur cette notion de regard et d’interprétation des évènements. Pour cela nous avons établi dans chaque acte des situations où l’un des personnages sera davantage en observation, subissant impuissant l’horreur de ce qui est en train de se passer. Ce postulat d’écriture nous a permis de travailler en profondeur chaque personnage avec la comédienne qui l’interprète. L’écriture commune nous a également permis de construire chaque scène à partir de leurs imaginaires, de leurs sensibilités et de leurs caractères intimes.
La structure du récit s’est finalisée par l’insertion, entre les actes, d’un court monologue écrit par chacune des comédiennes et qui a pour fonction de faire la transition entre les différents actes. Ces relais de prises de paroles nous permettent notamment de développer l’idée du temps qui passe au sein des événements. D’abord une nuit, puis quelques jours, puis plusieurs semaines, enfin quelques mois.
Néanmoins, nous ne voulions pas traiter ces prises de paroles comme de simples monologues / confessions adressés au public. Pour approfondir l’idée de pénétrer l’univers mental de chacun des personnages, nous avons envisagé ces monologues comme des réponses à un tribunal invisible. Le fait divers de Salem étant intimement lié à la notion de procès, nous avons pourtant choisi de ne pas le traiter par le biais d’une scène classique de tribunal. En injectant l’idée que ces femmes répondent à un juge et des questions fictives, nous rendons palpable la pression sociétale de ces femmes qui, face à la situation qu’elles vivent, s’imaginent immédiatement sous le joug d’une culpabilité, d’un interrogatoire à charge.
UNIVERS MENTAL ET EMERGENCE DU FANTASTIQUE
Dans toutes les adaptations théâtrales ou cinématographiques que nous avons pu voir de cette histoire, il est marquant de constater qu’elle a toujours été traitée de manière rationnelle et distanciée : ces « sorcières de Salem » seraient tout simplement des affabulatrices et des simulatrices. Ce parti pris manichéen nous posait problème. Se contenter de cela, c’est oublier de prendre en compte le contexte dans lequel ces femmes vivaient : une société refermée sur elle-même, une communauté où le puritanisme et l’obscurantisme étaient le dogme dominant.
Nous avons rapidement eu l’envie de faire de ce village de Salem un lieu hors du temps et de l’espace. Esthétiquement, nous souhaitions laisser un grand trouble sur l’époque et l’endroit où se déroule le récit. Ce flou volontaire, correspondant à ces petits villages reculés vivant à l’écart de la société des Hommes, nous a permis d’écrire le spectacle en le situant dans un huis-clos géographique et culturel. Notre Salem est un petit village perdu, cerné par les montagnes et la forêt. Sa vie quotidienne est rythmée par un système en autogestion. Le maire de la ville, tout puissant, possède les terres. L’église est le point névralgique de la commune. Une unique école sert de lieu d’éducation aux diverses générations d’enfants. Le médecin de la ville incarne la réussite et la respectabilité. Quelques fermiers et commerces indépendants permettent au village de vivre en autarcie.
En assumant de réécrire l’histoire de Salem dans ce contexte à la fois moderne et nostalgique, nous souhaitions dès le départ démontrer que ce fait divers du XVIIème siècle possédait une force dramatique universelle pouvant se reproduire dans toutes les sociétés et à toutes les époques.
Nous voulions ensuite aller au bout du parti pris du spectacle consistant à plonger le spectateur dans le point de vue de ces quatre femmes dépassées par les évènements qu’elles provoquent. En partant du principe que les simulacres de possession mis en place par les héroïnes sont provoqués sous la menace et la pression, nous ne voulions pas envisager ces quatre personnages comme des êtres maléfiques cherchant à se venger. Au contraire, nous voulions développer l’identité de ce groupe féminin comme celui de personnalités qui, poussées dans leurs retranchements, se mettent à croire à leurs propres mensonges. Ce parti pris psychologique fut la base de toute l’écriture du spectacle. Au récit documenté et objectif, nous avons préféré pénétrer l’univers mental de nos quatre personnages qui, par le mensonge qu’elles mettent en place, commencent à se convaincre d’être ce qu’elles prétendent être.
Nous avons alors décidé de pousser à l’extrême un certain nombre de codes esthétiques et formels dans le spectacle pour permettre aux spectateurs de plonger dans le délire paranoïaque de chacune d’entre elles. Ainsi, le village ne sera représenté que par le son et suggéré par le hors-champs. Un choeur de chanteurs enregistré pour l’occasion dans une langue inventée, aura à charge de suggérer au plateau l’idée de cette masse menaçante de villageois autour des différents lieux de retraite de nos sorcières, tel un monstre qui rôde constamment à l’extérieur. Seuls nos quatre personnages semblent les voir, les comprendre et leur répondre, alors que le spectateur ne perçoit qu’une foule menaçante, d’autant plus anxiogène qu’elle n’est jamais montrée au plateau.
Les éléments naturels joueront également une place importante au niveau de l’univers sonore. Tempête, vent, feu, pluie, orage, effondrement, seront la métaphore des sentiments perturbés de nos quatre protagonistes, instaurant l’idée d’un univers qui sombre progressivement dans une apocalypse.
Puis, nous avons décidé de pousser encore plus loin cette plongée dans l’univers mental de nos quatre sorcières en optant pour une scénographie et des décors absents. Au fur et à mesure du récit, les espaces seront uniquement définis par des jeux et des codes de lumières surréalistes ou expressionnistes qui auront à charge d’immerger les spectateurs dans le cauchemar éveillé que vivent nos quatre protagonistes. Ainsi, dans certains actes, les fenêtres seront au plafond, les portes seront au sol, etc... accentuant ainsi la déconstruction des espaces et la perte de repères du spectateur comme dans un cauchemar.
Il en sera de même avec les chorégraphies qui rythmeront les transitions entre chaque acte et qui incarneront les traversées mentales et physiques des quatre femmes d’un huis-clos
à l’autre. Mais ce fantastique qui semble n’intervenir que par le biais du cauchemar que sont en train de vivre notre groupe de femmes, finira par se manifester bel et bien grâce à l’une des
protagonistes.
SALEM se veut être un spectacle coup de poing, aux codes et aux partis pris radicaux. Pour raconter notre relecture de ce fait divers, nous avons choisi d’être sans concession tant sur la forme que sur le fond. En racontant ce fait divers fondateur de l’oppression féminine à travers la figure ancestrale de la “sorcière” et de sa chasse, nous voulons pousser le débat plus loin. Car ce fait divers dénonce la nature humaine dans son intégralité, avec son besoin éperdu de pouvoir et de puissance. C’est également une charge contre la rumeur qui met en marche une masse d’individus vers la violence.
Cette approche différente de l’histoire du village de Salem méritait bien, selon nous, un spectacle sans concession, à la fois réaliste dans ce qu’il dit de la nature humaine et fantastique dans la façon dont la violence et la peur s’y manifestent.
[right][/right][right]Rémi Prin[/right]
Que s’est-il vraiment passé à Salem en 1692 ? Cette question, qui m’a toujours fasciné, est à la source de ce projet d’écriture collective initié au sein de la Compagnie le Tambour des Limbes pour cette nouvelle création.
Le fait divers des procès de Salem et de sa « chasse aux sorcières » a toujours été pour moi une matière propice à la mise en chantier d’un spectacle. A l’instar de bien d’autres faits divers troublants des siècles passés sur lesquels nous manquons d’éléments matériels et de témoignages, l’histoire du village de Salem, dont les détails restent mystérieux, laisse place aux suppositions les plus hasardeuses.
L’épidémie de danse à Strasbourg en 1518, l’hystérie collective des religieuses de Loudun en 1630, le massacre collectif perpétré par les habitants d’Hautefaye en 1870... Autant de chroniques de l’Histoire cachée du monde qui flirtent avec le fantastique et dont le trouble et les questionnements qu’elles soulèvent restent entiers.
En 1953, Arthur Miller se servira déjà du fait divers de Salem comme d’une parabole pour écrire son chef-d’œuvre Les Sorcières de Salem et en fera le symbole d’une critique acerbe de l’Amérique dun sénateur MacCarthy et de sa terrifiante « chasse aux communistes ».
Face à une pièce de cette ampleur, l’ambition initiale de la Compagnie le Tambour des Limbes était d’abord de créer une nouvelle mise en scène plus modeste en la réadaptant avec moins de personnages pour convenir aux impératifs économiques d’aujourd’hui. Mais rapidement, nous nous sommes rendus compte que nous voulions aborder le fait divers d’une autre manière en instaurant une dramaturgie différente de celle de Miller. C’est alors qu’est née l’idée d’une création librement inspirée des procès de Salem et de leur contexte.
Dans Les Sorcières de Salem, Miller adopte en priorité le point de vue des villageois accusés à tort par les prétendues sorcières. En choisissant notamment de suivre le parcours de John Proctor, protagoniste masculin de la pièce, le texte de Miller relègue au second plan le groupe des femmes accusatrices. Seule Abigail Williams semble être la représentante de ces femmes transformées soudain en incriminatrices vengeresses.
Avec SALEM, notre projet était tout autre : nous voulions concentrer le spectacle sur les femmes de Salem et tenter de répondre à cette question : dans une société où l’oppression féminine est la plus forte, comment ces femmes accusées vont être contraintes, pour s’en sortir, de se transformer à leur tour en bourreaux ? Comment un mensonge proféré dans une situation de peur et de pression extrêmes, va engendrer une inexorable réaction en chaîne au sein d’une communauté ? Enfin, comment une oppression originelle peut se transformer rapidement en une
pulsion vengeresse à partir du moment où la puissance et le pouvoir changent de camp ?
Nous avions notre sujet et, après de nombreuses discussions avec les quatre comédiennes composant la distribution de nos sorcières de Salem, nous pouvions à présent nous lancer le défi de l’écriture collective.
UNE ECRITURE COLLECTIVE STRUCTUREE
En prenant le parti de se concentrer uniquement sur le point de vue de ces quatre femmes, nous avons également voulu mettre en lumière les moments cachés et secrets de cette histoire fascinante. Que s’est-il passé dans l’intimité des lieux clos où elles se sont réfugiées ? Comment ces quatre femmes ont pris la décision de diffuser ce mensonge généralisé sur l’ensemble du village pour détourner les accusations contre elles ?
Alors que la pièce de Miller s’ouvre sur une scène où le fameux sabbat déclencheur est raconté à posteriori, nous avons fait le choix d’en faire l’acte d’ouverture de notre spectacle. Un acte qui nous permet d’exposer ainsi les personnages, le village et sa situation, mais aussi le contexte dans lequel ses femmes dénigrées et dominées se prêtent, dans le secret, à cette soirée innocente qui aura pourtant des conséquences terribles.
Une fois cette décision prise, nous avons décidé de mettre en place une écriture collective très structurée qui s’est déclinée sur toute la saison 2018 / 2019 et dont voici les étapes principales.
Dans un premier temps et à partir d’une trame oralement exposée aux quatre comédiennes, nous leur avons demandé d’écrire une biographie détaillée de leurs personnages, en s’inspirant du contexte dans lequel ils allaient évoluer. Rapidement, des profils féminins, des prénoms, des personnalités se sont dessinés.
Chaque personnage fut ensuite associé à un lieu symbolique du village ce qui nous a permis d’établir une topographie des lieux principaux du récit : la forêt, le château du maire de la ville, une salle de classe, la cave d’un cabinet de médecine, la porcherie d’une ferme et enfin l’église de Salem.
A partir de ces différentes informations, nous avons établi la structure dramaturgique : l’acte I sera celui de l’élément déclencheur où les quatre femmes sont surprises par le maire de la ville pendant leur innocent sabbat. Les quatre actes suivants seront une succession de huis-clos dans les différents lieux cités précédemment et dans lesquels nos quatre personnages trouveront refuge et devront trouver des solutions pour s’en sortir. L’idée des huis-clos successifs nous permet de mettre en place une forte tension évolutive durant toute la durée du spectacle en effectuant un important travail sur le hors-champs. Puis, à partir d’une trame prédéfinie sur les enjeux dramatiques de chaque scène, nous avons demandé à chacune des comédiennes de co-écrire son acte. Nous voulions que chaque acte se décline comme si nous passions d’un point de vue à l’autre. Nos quatre personnages étant constamment au plateau, nous voulions travailler sur cette notion de regard et d’interprétation des évènements. Pour cela nous avons établi dans chaque acte des situations où l’un des personnages sera davantage en observation, subissant impuissant l’horreur de ce qui est en train de se passer. Ce postulat d’écriture nous a permis de travailler en profondeur chaque personnage avec la comédienne qui l’interprète. L’écriture commune nous a également permis de construire chaque scène à partir de leurs imaginaires, de leurs sensibilités et de leurs caractères intimes.
La structure du récit s’est finalisée par l’insertion, entre les actes, d’un court monologue écrit par chacune des comédiennes et qui a pour fonction de faire la transition entre les différents actes. Ces relais de prises de paroles nous permettent notamment de développer l’idée du temps qui passe au sein des événements. D’abord une nuit, puis quelques jours, puis plusieurs semaines, enfin quelques mois.
Néanmoins, nous ne voulions pas traiter ces prises de paroles comme de simples monologues / confessions adressés au public. Pour approfondir l’idée de pénétrer l’univers mental de chacun des personnages, nous avons envisagé ces monologues comme des réponses à un tribunal invisible. Le fait divers de Salem étant intimement lié à la notion de procès, nous avons pourtant choisi de ne pas le traiter par le biais d’une scène classique de tribunal. En injectant l’idée que ces femmes répondent à un juge et des questions fictives, nous rendons palpable la pression sociétale de ces femmes qui, face à la situation qu’elles vivent, s’imaginent immédiatement sous le joug d’une culpabilité, d’un interrogatoire à charge.
UNIVERS MENTAL ET EMERGENCE DU FANTASTIQUE
Dans toutes les adaptations théâtrales ou cinématographiques que nous avons pu voir de cette histoire, il est marquant de constater qu’elle a toujours été traitée de manière rationnelle et distanciée : ces « sorcières de Salem » seraient tout simplement des affabulatrices et des simulatrices. Ce parti pris manichéen nous posait problème. Se contenter de cela, c’est oublier de prendre en compte le contexte dans lequel ces femmes vivaient : une société refermée sur elle-même, une communauté où le puritanisme et l’obscurantisme étaient le dogme dominant.
Nous avons rapidement eu l’envie de faire de ce village de Salem un lieu hors du temps et de l’espace. Esthétiquement, nous souhaitions laisser un grand trouble sur l’époque et l’endroit où se déroule le récit. Ce flou volontaire, correspondant à ces petits villages reculés vivant à l’écart de la société des Hommes, nous a permis d’écrire le spectacle en le situant dans un huis-clos géographique et culturel. Notre Salem est un petit village perdu, cerné par les montagnes et la forêt. Sa vie quotidienne est rythmée par un système en autogestion. Le maire de la ville, tout puissant, possède les terres. L’église est le point névralgique de la commune. Une unique école sert de lieu d’éducation aux diverses générations d’enfants. Le médecin de la ville incarne la réussite et la respectabilité. Quelques fermiers et commerces indépendants permettent au village de vivre en autarcie.
En assumant de réécrire l’histoire de Salem dans ce contexte à la fois moderne et nostalgique, nous souhaitions dès le départ démontrer que ce fait divers du XVIIème siècle possédait une force dramatique universelle pouvant se reproduire dans toutes les sociétés et à toutes les époques.
Nous voulions ensuite aller au bout du parti pris du spectacle consistant à plonger le spectateur dans le point de vue de ces quatre femmes dépassées par les évènements qu’elles provoquent. En partant du principe que les simulacres de possession mis en place par les héroïnes sont provoqués sous la menace et la pression, nous ne voulions pas envisager ces quatre personnages comme des êtres maléfiques cherchant à se venger. Au contraire, nous voulions développer l’identité de ce groupe féminin comme celui de personnalités qui, poussées dans leurs retranchements, se mettent à croire à leurs propres mensonges. Ce parti pris psychologique fut la base de toute l’écriture du spectacle. Au récit documenté et objectif, nous avons préféré pénétrer l’univers mental de nos quatre personnages qui, par le mensonge qu’elles mettent en place, commencent à se convaincre d’être ce qu’elles prétendent être.
Nous avons alors décidé de pousser à l’extrême un certain nombre de codes esthétiques et formels dans le spectacle pour permettre aux spectateurs de plonger dans le délire paranoïaque de chacune d’entre elles. Ainsi, le village ne sera représenté que par le son et suggéré par le hors-champs. Un choeur de chanteurs enregistré pour l’occasion dans une langue inventée, aura à charge de suggérer au plateau l’idée de cette masse menaçante de villageois autour des différents lieux de retraite de nos sorcières, tel un monstre qui rôde constamment à l’extérieur. Seuls nos quatre personnages semblent les voir, les comprendre et leur répondre, alors que le spectateur ne perçoit qu’une foule menaçante, d’autant plus anxiogène qu’elle n’est jamais montrée au plateau.
Les éléments naturels joueront également une place importante au niveau de l’univers sonore. Tempête, vent, feu, pluie, orage, effondrement, seront la métaphore des sentiments perturbés de nos quatre protagonistes, instaurant l’idée d’un univers qui sombre progressivement dans une apocalypse.
Puis, nous avons décidé de pousser encore plus loin cette plongée dans l’univers mental de nos quatre sorcières en optant pour une scénographie et des décors absents. Au fur et à mesure du récit, les espaces seront uniquement définis par des jeux et des codes de lumières surréalistes ou expressionnistes qui auront à charge d’immerger les spectateurs dans le cauchemar éveillé que vivent nos quatre protagonistes. Ainsi, dans certains actes, les fenêtres seront au plafond, les portes seront au sol, etc... accentuant ainsi la déconstruction des espaces et la perte de repères du spectateur comme dans un cauchemar.
Il en sera de même avec les chorégraphies qui rythmeront les transitions entre chaque acte et qui incarneront les traversées mentales et physiques des quatre femmes d’un huis-clos
à l’autre. Mais ce fantastique qui semble n’intervenir que par le biais du cauchemar que sont en train de vivre notre groupe de femmes, finira par se manifester bel et bien grâce à l’une des
protagonistes.
SALEM se veut être un spectacle coup de poing, aux codes et aux partis pris radicaux. Pour raconter notre relecture de ce fait divers, nous avons choisi d’être sans concession tant sur la forme que sur le fond. En racontant ce fait divers fondateur de l’oppression féminine à travers la figure ancestrale de la “sorcière” et de sa chasse, nous voulons pousser le débat plus loin. Car ce fait divers dénonce la nature humaine dans son intégralité, avec son besoin éperdu de pouvoir et de puissance. C’est également une charge contre la rumeur qui met en marche une masse d’individus vers la violence.
Cette approche différente de l’histoire du village de Salem méritait bien, selon nous, un spectacle sans concession, à la fois réaliste dans ce qu’il dit de la nature humaine et fantastique dans la façon dont la violence et la peur s’y manifestent.
[right][/right][right]Rémi Prin[/right]
En 1692, à Salem, dans le Massachusetts, quelques jeunes filles surprises par le pasteur du village alors qu’elles s’adonnaient à un rite païen dans la forêt, se mirent à accuser certains de leurs concitoyens d’être des sorciers alliés à Satan. La communauté, dépourvue de gouvernement légitime, prête foi aux accusations et condamne les personnes incriminées à avouer les faits ou à être pendues. Les accusations se répandent rapidement parmi les villageois. En quelques semaines, près d’une centaine de personnes furent emprisonnées et torturées. 25 seront exécutées.
A partir de ce fait divers adapté en 1953 par Arthur Miller dans sa célèbre pièce Les Sorcières de Salem, la Compagnie le Tambour des Limbes présente aujourd’hui sa relecture de cette terrifiante histoire : symbole de l’un des cas d’hystérie collective les plus troublants de l’Histoire.
A partir de ce fait divers adapté en 1953 par Arthur Miller dans sa célèbre pièce Les Sorcières de Salem, la Compagnie le Tambour des Limbes présente aujourd’hui sa relecture de cette terrifiante histoire : symbole de l’un des cas d’hystérie collective les plus troublants de l’Histoire.
- Écriture collective librement inspirée du fait divers des procès de Salem en 1692
ÉQUIPE TECHNIQUE :
Mise en scène : Rémi Prin / Écriture collective : Flora Bourne-Chastel, Elise d'Hautefeuille, Naima Maurel, Rémi Prin, Rose Raulin, Louise Robert et Léa Schwartz.
Assistanat à la mise en scène : Zoé Faucher / Musique et sound design : Léo Grise / Chorégraphies: Valérie Marti / Scénographie : Suzanne Barbaud / Costumes : Adélaïde Baylac-Domengetroy, Milena Forest et Charlotte Seeligmuller / Création lumière : Cynthia Lhopitallier et Rémi Prin / Trucages : Pierre Moussey
AVEC : Flora Bourne-Chastel / Élise d'Hautefeuille / Louise Robert et Léa Schwartz
Avec le soutien du Théâtre de la Belle Etoile, des Studios de Virecourt, du Théâtre Les Déchargeurs, du Théâtre de Belleville, de La Manekine, scène intermédiaire régionale (Pont Saint-Maxence), Lilas en Scène et le Théâtre El Duende.
Bande-annonce du spectacle ICI
Extrait du spectacle ICI
Représentations du 5 au 28 mai 2024 au Théâtre de Belleville
Bande-originale du spectacle composée par Léo Grise disponible dès le 7 septembre 2021 sur les plateformes de streaming (Spotify, Deezer...)
Les photos sont de Avril Dunoyer
Chronique autour du spectacle par la Youtubeuse Val Och / Le Clou du Spectacle ICI
DANS LA PRESSE :
Des lumières vives qui claquent, viennent et repartent, et nous embarquent. Des mugissements surgis d'on ne sait quels instruments, corne de brume ou du diable. Des grondements de foule menaçants... Lumière et son (signé Léo Grise) ont rarement été travaillés à ce point, et il fallait bien ça au metteur en scène Rémi Prin pour évoquer librement "Les Sorcières de Salem" (1692), se démarquer nettement de la fameuse pièce d'Arthur Miller et focaliser son regard sur les prétendues sorcières, ici au nombre de quatre (les quatre jeunes comédiennes ont coécrit le texte avec lui). Le sabbat qu'elles organisent, par jeu et pour de vrai, et qui détaque l'une d'elles. Le village saisi par la paranoïa. La terrible loi du bouc émissaire. Ceux qu'on dénonce par jeu et par lâcheté, et le sang qui coule... Moins puissant que "Solaris" du même metteur en scène, mais tout aussi curieux et décalé.
LE CANARD ENCHAINE
Inspiré des sorcières de Salem et en prenant leur point de vue, Rémi Prin livre un huis clos spectaculaire qui m’a laissé pantois. (...)
Au delà d’une pièce de théâtre, Salem est un spectacle complet. Son, lumière, effets, la technique est omniprésente, véritable cinquième acteur. Depuis Solaris, Rémi Prin a appris à maîtriser une démesure à la taille de laquelle je ne doute pas qu’il trouvera un jour un plateau. Sa mise en scène est précise, son découpage cinématographique. Son parti pris clair obscur focalise l’attention du spectateur autant que son intérêt. Flora Bourne-Chastel, Elise d’Hautefeuille, Rose Raulin, Louise Robert sont totalement impliquées, elles vivent l’histoire physiquement et psychologiquement autant qu’elles la jouent. J’ai vécu Salem de façon chirurgicale, observant l’histoire de l’intérieur sans me laisser embarquer, en besoin permanent d’en savoir plus, de voir où je me laissais emmener. Voilà, c’est ça. J’étais à l’intérieur d’un huis clos spectaculaire, sans y être enfermé. Comme si Robert Hossein avait revisité Pirates des Caraïbes (l’attraction, pas le film). La terreur, au théâtre, est difficile à monter, d’autres s’y sont essayés sans succès. Avec sa patte particulière, Rémi Prin y arrive, laissant au spectateur pantois suffisamment de sujets pour poursuivre sa réflexion. Par les thèmes abordés, par la mise en scène, Salem n’est pas forcément un spectacle facile. Si vous savez apprécier le théâtre qui va au delà du jeu de répliques entre acteurs, allez voir Salem.
JE N'AI QU'UNE VIE
Salem nous met en garde contre toute de fanatisme politique ou religieux, de racisme, d'ordre moral et leur cortège de persécutions, de mépris et d'égoïsme, à l'heure où rumeurs et fausses nouvelles envahissent la toile et corrompent les esprits, jusque dans les hautes sphères dirigeantes. Salem rappelle que les femmes se retrouvent souvent en première ligne de ces exactions : le viol, l'inceste, y sont à peine esquissé par les "sorcières", tant il reste une forme de tabou dans nos sociétés, où les victimes sont trop souvent assimilées à des menteuses quand on ne les érige pas en coupables. (...) Les quatre comédiennes endossent les rôles, tout de bruit et de fureur, dans une environnement agité de folie et de violence que ponctuent des effets spéciaux et sonores tonitruants, dans la mise en scène de Rémi Prin.
LA GRANDE PARADE
Dans cette fable aux personnages multiples, la particularité de cette adaptation orchestrée par Rémi Prin est de se concentrer sur le point de vue de ces quatre femmes dans un huis-clos intense, où la parole et les corps participent aussi bien à dévoiler les émotions à l’œuvre à l’intérieur de chacune, que soutenir le suspens des évènements extérieurs secouant le village. Et effectivement, l’osmose des corps et des voix est ici très travaillée pour faire transparaitre les troubles physiques et psychiques qui impactent les protagonistes de cette histoire étrange. Le charisme des comédiennes autant que le lâcher-prise des corps dans des chorégraphies proches du chamanisme captivent le spectateur et le font entrer dans l’atmosphère ésotérique de la pièce. L’univers sombre et énigmatique est appuyé par un travail tout particulier sur la lumière d’abord, tout en clair-obscur, mais aussi par une ambiance sonore très cinématographique, grâce à une bande-son qui mêle musique et voix trafiquées.
UN FAUTEUIL POUR L'ORCHESTRE
Toujours très cinématographique, la création lumière de Rémi Prin repose sur une maîtrise du clair obscur qui resserre l'espace et embarque les spectateurs dans ce huis clos terrible qui n'est plus uniquement un enfermement dans l'espace physique mais également mental. Ce qui rend le spectacle particulièrement intense et brillant. Le tout est porté par quatre comédiennes fantastiques.
RETARDATAIRE CHRONIQUE(S)
Ce qui fait la force de SALEM, avant toute chose, est l'écriture collective des comédiennes et du metteur en scène. Elles sont toutes les quatre transcendées par leur rôle? et incarnent parfaitement leurs personnages avec une sensibilité et un imaginaire propre. Ces femmes ne sont donc plus "les sorcières de Salem" mais existent ici par elles-mêmes en nous exposant toute l'ambiguïté humaine. SALEM nous embarque dans un espace hors du temps en mélangeant des objets de différentes époques pour nous montrer que ce fait divers tant médiatisé n'est pas que l'histoire d'un moment présent mais qu'il est intemporel, présent dans tout système, à toutes les époques, quel que soit le milieu d'où l'on vient. La soif du pouvoir nous aveugle et la violence nous habite. Pourtant, l'humain ne peut, rarement, y échapper. Rémi Prin, Flora Bourne-Chastel, Elise d'Hautefeuille, Rose Raulin et Louise Robert nous ont interrogés par une mise en scène et un jeu puissant qui ont su bousculer les idées reçues. Après beaucoup d'émotion, de tension et de suspense, on reprend son sa respiration mais le constat perdure : comment échapper à la part d'ombre présente en chacun de nous ?
IT ART BAG
Voilà une expérience très intense que cette heure et demie passée en compagnie de ces femmes/sorcières de Salem. Rien n’est laissé au hasard, la mise en scène est extrêmement précise et énergique. Un travail particulièrement soigné a été réalisé pour le son et la lumière. Ces éléments contribuent énormément à la réussite de l’atmosphère angoissante. Effets spéciaux, fumée, lumière, musiques et voix nous plongent au cœur même d’un véritable cauchemar dans une ambiance particulièrement bien rendue. Au sein de cet univers sombre, dense et inquiétant l’on devine plus que l’on ne voit les quatre comédiennes évoluer sur la scène. Mise en scène macabre, transes, cris, panique rien n’est épargné pour nous entraîner avec elles au fond de cette sombre histoire. Beaucoup de violence et de concentration ; leur jeu intense, soutenu et juste participe à maintenir la tension palpable tout au long de la pièce. Que sommes-nous amené à faire ou à dire lorsque l’on est acculé, menacé. Dans l’urgence et la peur quelle décision fatale sommes-nous capable de prendre ? Où est la part de réalité, de fantasmes, de phénomène surnaturel ou de réaction psychotique dans cette histoire sordide ? Hallucination, vision ou réalité, manipulation… Salem reste un symbole de ce que peut donner l’hystérie collective… On a peur, on retient sa respiration, le corps contracté : une pièce extrême très impressionnante.
MANITHEA
Un moment théâtral et poétique fort. (...) Cette écriture collective, politique et éthique, nous fait partager avec émotion, cinq siècles plus tard, une tragédie qui en dit long sur le traitement et la considération des femmes mais aussi sur la rumeur et les risques engagés, entre autres, dans tout comportement hors normes.
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